Louis Bonaparte (1778 - 1846)

Roi de Hollande (1806 - 1810)




Illustration Patrice Courcelles, avec l'aimable autorisation de l'auteur
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Louis Bonaparte (Lodewijk Napoleon en néerlandais), est né à Ajaccio, le 2 septembre 1778. Il était le quatrième fils de Charles Bonaparte et Letizia Ramolino et le frère cadet de Napoléon Bonaparte.

 

Il quitte la Corse à quinze ans avec sa famille. Il bénéficie de la protection "paternelle" de son frère Napoléon. Celui-ci lui enjoint de s’inscrire à l’école de Châlons, puis le fait nommer sous-lieutenant et l’inclut dans son état-major après la libération de Toulon. Nommé général en chef de l’Armée d’Italie, Bonaparte se l’adjoint comme aide de camp. Il l’envoie faire un rapport au Directoire la veille de la bataille de Castiglione. Louis est promu capitaine peu après.


Il s’embarque pour l’Egypte et se distingue lors de la prise de Malte, en juin 1798. Arrivé en Egypte, Louis assiste, impuissant, d’une terrasse de maison, à la destruction, dans la baie d’Aboukir, de la flotte française par les navires de Nelson. Plus tard, envoyé par son frère, il saura revenir sain et sauf à Paris pour rendre compte de la situation au Directoire.


Après le 18 Brumaire, il est nommé colonel du 5éme régiment de dragons et envoyé en Normandie, où les Chouans poursuivent leur rébellion. Il ne fait pas partie de l’armée de réserve qui entreprend la campagne d’Italie en 1800.

 

Par crainte d’un mariage organisé avec Hortense de Beauharnais, la fille de sa belle-sœur - pour laquelle il n’a aucune attirance - il passe un mois à la cour de Berlin. A son retour, il s’enrôle dans l’Armée des Pyrénées. Rien n’y fait : il finit par consentir et épouse le 4 janvier 1802 Hortense, avec qui il aura trois enfants, Napoléon-Louis-Charles (1802-1807), Napoléon-Louis (1804-1831) (qui sera grand-duc de Berg et se mariera avec une fille de Joseph), et enfin Louis-Napoléon, né en 1808, le futur Napoléon III.


Les années suivantes, devenu général de brigade, il passe de longues périodes dans les stations thermales, pour soigner une santé fragile. En 1804, il est fait prince et commandant de la réserve de l’Armée d’Angleterre. Quand celle-ci devient la Grande Armée et marche sur l’Autriche, il demeure à Paris avec son frère Joseph.


Chargé des affaires militaires, il contre la menace prussienne sur les frontières par la constitution rapide d’une armée du Nord (1806).

 

Dès 1806, Napoléon désire voir son frère sur le trône de Hollande. Lorsque les députés bataves venus à Paris lui présentent les vœux du nouveau royaume, Louis, guère enthousiaste, argue des droits du Stathouder (gouverneur général). Mais ce dernier meurt quelques jours plus tard. Jouant sa dernière carte, il invoque le mauvais climat nordique. Napoléon rétorque "qu’il vaut mieux mourir roi que de vivre prince". Il s’incline encore et, le 5 juin 1806, il est proclamé Roi de Hollande.


Il se révèle bon souverain et jouit de l’estime des Hollandais. Il introduit une vaste réorganisation administrative, institue deux ordres de chevalerie et achève de grands travaux d’endiguement. Napoléon l’a mis en garde : "Vous, prince, régnez sur ces peuples. Que la Hollande vous doive des rois qui protègent ses libertés, ses lois, sa religion, mais ne cessez jamais d’être Français.".Louis adopte cependant les intérêts de ses nouveaux sujets. Des intérêts souvent contraires à ceux de la France. Ainsi lorsque le Blocus Continental paralyse le commerce hollandais, les rapports entre les deux frères se tendent.


Lors de la campagne de Prusse (1806-1807), il incorpore à contrecœur les troupes hollandaises aux armées françaises. Après qu’il soit retourné en Hollande, Napoléon l’oblige à signer le décret de blocus continental le 15 décembre 1806.


En 1807, les services secrets informent l’Empereur de la contrebande que les Hollandais mènent avec les Anglais.


En mars 1808, Napoléon lui propose le trône d’Espagne, qu’il refuse. L’Empereur, toujours sans héritier, dote le fils de Louis du duché de Berg et de Clèves. En 1809, les Hollandais participent à la campagne de Prusse. Ils s’emparent de Stralsund et combattent contre le duc de Brunswick. Après la signature de la paix, il est convoqué à Paris où il arrive le 1er Décembre.


Surveillé par la police, il ne peut regagner son royaume. Il ordonne à ses ministres de défendre le pays, en l’inondant si besoin est. La Hollande est en effet le seul pays qui peut contrer une invasion en rayant simplement de la carte le territoire occupé. Napoléon pose un ultimatum à son frère : "Il m’est indifférent que l’on me taxe d’injustice et de cruauté, pourvu que mon système avance. Vous êtes dans mes mains".


Il cède, une fois de plus. Il accepte de renforcer les mesures interdisant le commerce avec l’Angleterre et d’augmenter son armée. De retour en Hollande, il se plaint de l’occupation française, opérée en son absence. Il finit par abdiquer en faveur de son fils et confie la régence à Hortense. Le 1er juillet 1810, il quitte la Hollande et se fixe en Autriche, hors de la sphère d’influence de son frère, "résigné à tout plutôt qu’à être quelque chose". Le 9 juillet, la Hollande est rattachée à la France.


Après trois années en retrait, Louis propose son aide à Napoléon, en échange de son royaume perdu. La réponse est définitive : "J’aime mieux que la Hollande retourne sous le pouvoir de la maison d’Orange que sous celui de mon frère". C’est d’ailleurs ce qui se produit.


Il rentre en France au moment où les Alliés envahissent le pays (campagne de France 1814). Napoléon refuse ses conseils. Après la Restauration des Bourbons, il préfère s’exiler à Rome, bien qu’il soit toléré en France. Il réclame son fils aîné. Les tribunaux lui donnent raison mais Napoléon, revenu de l’île d’Elbe, s’y oppose. Il recevra satisfaction à la seconde Restauration.


Louis mène le reste de son existence en Toscane. Il se consacre à l’écriture. En 1846, malade, il ne peut revoir son fils, le prince Louis-Napoléon retenu en France. Il meurt le 25 juillet à Livourne.


Inhumé en Italie en l’église du Saint-Esprit (Santo-Spirito) de Florence, il fut rapidement transféré en France, le 26 septembre 1847, en l’église paroissiale de Saint-Leu-la-Forêt (95) où il repose actuellement.